Le discours de Kelaan vient de se terminer. La tension. Les souvenirs. Ça n’a rien de facile de se retrouver dans cet endroit, de parler du passé et de ce qui a pu les marquer à vie. Vous vous retrouvez avec les gens marqués, ceux qui ne savent pas réellement vivre. Nourriture et alcool à volonté. À vous de parler de ce qui vient de se produire, le discours que vous venez d’entendre et surement d’autres surprises arriveront pendant le reste de la soirée.

○ C'est à vous de décider de l'ordre pour votre équipe.
○ Il faut faire des posts court pour que le rp avance rapidement.
○ Vous êtes entièrement libre de diriger le rp comme bon vous semble, vous pouvez vous mettre d'accord par MP ou voir au fur et à mesure.
○ Le pnj risque d'intervenir et faire rebondir l'action pendant l'intrigue.

La voix de Kelaan raisonne encore dans sa tête. C’est la première fois qu’elle le revoit depuis leur sortie. Elle qui pensait ne pouvoir vivre sans lui se retrouve seule. Bien sûr ses parents sont là pour elle, comme toujours. Mais ce n’est pas pareil. C’est lui que Saíréann veut. Mais une partie d’elle ne peut se résigner à aller lui parler. La confiance est brisée. Perdue, elle relève les yeux vers cette salle remplie d’inconnus qui l’oppressent et la rendent mal à l’aise. Elle n’aime pas les gens mais veut faire bonne figure. Comme a dit Kelaan, il faut penser à ceux qui n’ont pas eu la chance de revenir de cet enfer. Eux, ils sont vivants. Du moins en apparence.  
Alors, sans grande conviction, elle se dirige vers la table qui lui a été désignée en arrivant. Sa mère n’a cessé de lui répéter que cette soirée ne pourrait lui faire que du bien. Pour l’instant elle n’en sent pas l’effet. Pire, elle ne veut qu’une chose, partir. Mais elle se force. Saíréann ne veut pas être faible. Pourtant, sans lui, c’est ce qu’elle est. Parfois, lorsqu’elle ferme les yeux, elle regrette presque cette période atroce de sa vie. La douleur ne lui manque pas non. Elle a été transformée. Le malade n’en est plus réellement la cause. La perte et la trahison de Kelaan le sont.
Debout face à la petite table, Saíréann souffle presque de soulagement en voyant qu’elle est toute seule. Peut-être que ceux censés partager sa table se sont désistés ? Ça serait trop beau pour être vrai. Péniblement, la demoiselle prend place sur une chaise avant de scruter la salle. Ses yeux se posent directement sur Kelaan, un peu plus loin. Elle n’a que quelques mètres à faire pour le rejoindre et le serrer contre elle mais c’est impossible.
Dépitée, la demoiselle se force à détourner le regard. La salle n’est pourtant pas bondée mais elle se sent terriblement mal. Saíréann a oublié ce que c’était d’être avec autant d’autres personnes. Les choses les plus simples ne le sont pas pour elle. Même sa tenue la dérange. Toute sa captivité elle n’a porté que des vêtements sales et amples et presque jamais de chaussures. Ce soir, elle vit comme une torture de porter la tenue qu’elle a elle même choisie. Sur le point de pleurer sous la pression, Saíréann cache son visage dans ses mains espérant que le temps puisse s’écouler plus vite et que personne ne viendrait la déranger.

Moi qui me demandais qui pourrait bien avoir de l’appétit dans un moment pareil : je suis rapidement fixé. Les jeunes gens. Ceux qui devraient être les premiers concernés par tout ce qui est arrivé aux rescapés, mais qui sont trop égocentrés pour y parvenir. Ca ne leur est pas arrivé à eux alors à quoi bon se morfondre après tout ? Ils ont la vie devant eux et une faim dévorante… En tout cas, ça semble être le cas d’Uscias et Stella qui donnent l’impression de n’avoir pas mangé depuis des semaines et établissent une réserve de petits fours qui leur permettrait de tenir un siège… Je suis encore en train de les regarder s’en mettre plein les poches lorsque la rumeur des conversations diminue tout à coup, signe que quelque chose est en train de se passer. Je jette un œil à la scène improvisée et comprend tout de suite : l’un des rescapés vient d’être invité par le Maire à prendre la parole. L’espace d’une seconde, je me mets à sa place et mon cœur manque un battement, ma poitrine se resserre et j’ai la nausée. Pourquoi est-ce que vous leur infligez un truc pareil ? Pourquoi est-ce que je participe à ça ? Gêné, je détourne le regard et me concentre sur le buffet pendant qu’un grand brun qui n’a vraisemblablement aucune envie d’être là, sous les feux des projecteurs et le regard brûlants de ses concitoyens, s’avance vers le micro. Je me doute de ce qu’il doit ressentir. Enfin ma situation a été très différente de la sienne, mais je parviens tout de même à nous trouver un peu trop de points communs pour ne pas ressentir de l’empathie à son égard. Pourtant, je ne connais même pas le nom de ce gamin…
Il utilise des mots simples, des phrases courtes. Il veut clairement se débarrasser de sa tâche au plus vite. Je ne relève les yeux vers lui qu’au moment où il exprime son envie de mettre la main sur son kidnappeur et de se venger. Parce que ce n’est pas du tout l’impression qu’il donne. Et ça me ramène à nouveau à mon propre passé et à Jared. Jared qui a massacré tous ceux auxquels je tenais et que je n’arrivais pas à à ne plus aimer pour autant. Parce qu’il s’était rendu indispensable en devenant le seul être au monde qu’il me restait…      
« Je...Je voudrais seulement que nous prenions un moment de silence pour penser à ceux qui ne sont pas revenus. »
Je prends une longue inspiration et expire, détournant à nouveau le regard alors que le micro émet un dernier sifflement et que j’entends les pas du garçon s’éloigner de la scène, maintenant que la salle est devenue silencieuse. Ce silence m’oppresse et je n’arrive pas à me recueillir. J’aimerai pouvoir dire que c’est effectivement à ces gamins qui ne sont pas revenus que je pense, mais c’est à moi. A moi et aux miens. A mes propres disparus, mes propres fantômes.

« Va faire un tour pour t’assurer que personne ne manque de rien » me lance tout à coup mon supérieur pour la soirée, passant à côté de moi.
Je n’ai même pas vraiment remarqué que les conversations viennent de reprendre un peu partout dans la salle. Je me sens un peu déphasé, encore ailleurs. J’acquiesce silencieusement, m’empare du plateau d’amuse-gueule qu’il me remet et commence à arpenter la salle de réception sans véritablement de but. Je devrai logiquement m’approcher de la table la plus proche pour me rendre utile, mais je ne me sens pas capable de tenir une conversation, là, tout de suite. Je suis loin d’être le seul cependant. Je croise quelques regards perdus dans le vague, quelques visages larmoyants (sûrement les proches des disparus), mais quelques autres personnes sont déjà en train de converser avec animation. Ceux-là s’attirent mon mépris. Peut-être qu’ils ne sont pas vraiment en train de commérer sur ce qu’il vient de se passer, mais c’est quand même l’impression que j’ai…

Finalement, mes pas me mènent vers une table où une jeune femme se tient seule, la tête entre les mains. Mon premier instinct et de m’en éloigner, de ne surtout pas me laisser atteindre par sa détresse. J’essaie même de me convaincre que c’est certainement ce qu’elle veut : être laissée seule. Seulement, un second sentiment m’envahit tout à coup. Pas de la culpabilité à l’idée de la laisser seule, mais un besoin de me rapprocher d’elle, une envie de l’aider à partager sa peine et de, peut-être trouver un moyen de me décharger un peu de la mienne…
Alors, après quelques secondes d’hésitations, je m’approche de sa table, mon stupide plateau en main. Je suppose qu’elle fera partie de ceux qui n’auront aucun appétit ce soir, mais peu importe.
« Mademoiselle ? Je peux vous proposer quelque chose ? » je lui propose, l’incitant à m’accorder son attention.

Il jette quelques coups d’œil à sa pauvre sœur, totalement désemparée. Il ne sait pas comment se comporter à ses côtés. Durant toutes ses années d'absences à être relégué au second plan, il avait choisi de la sortir de sa vie, elle était morte, un point c'est tout. La voir revenir, l'air hagard, il ne l'avait pas prévu. Personne ne l'avait prévu mais il se demande parfois si ça n'aurait pas été mieux pour elle de périr quelques jours après l’enlèvement. Un point de vue que l'on peut considérer comme égoïste mais après un truc aussi énorme, il n'arrive pas à savoir comment on peut remonter la pente, affronter la vie à nouveau. Cette vie déjà brutale et sans pitié d'ordinaire. Et lui dans tout ça, il n'a surtout aucune idée de comment accompagné la revenante. Il préfère offrir ce privilège à ses parents -clairement trop étouffants- et à son autre soeur, elle a toujours été plus adroite que lui avec les relations humaines et surtout, elle l'a connu par le passé. Il ne s'assied donc pas à sa table, il n'en a pas le courage. Après un discours qui foutrait la larme à l'oeil à beaucoup, il préfère une fois de plus s'éloigner de la petite famille Murphy. De dos, il semble reconnaitre la silhouette blonde d'une amie à lui, assise seule à une table. Il s'approche de la chevelure de lionne. « quelle connerie ce truc. » s'exclame t-il vivement, une teinte de sarcasme dans la voix. Pour appuyer ses propos, il pose une main sur l'épaule frêle de la jeune femme, un contact amical simple qu'il retire presque aussitôt quand il remarque qu'elle n'est en fait pas son amie. Peut être même était elle en pleine discussion avec cet homme en face de lui. « désolé je vous ai pris pour quelqu'un d'autre. » ajoute t-il, une main qu'il passe derrière sa nuque. Gêné. Surtout qu'il risque de se retrouver face à des personnes qui n'ont pas le même avis que lui sur cet 'hommage'. Bien joué sur ce coup là, c'est incroyable de voir qu'à chaque fois qu'il s'agit de mettre les pieds dans le plat, le jeune Eoghan répond toujours présent. Alors il la reconnait, elle fait partie de ceux qui sont revenus avec sa sœur. Elle fait partie des rescapés, enfin, si on peut utiliser ce terme quand on voit les stigmates portés par cet homme. Il rêverait de lui poser des millions de questions, sur ce qu'il s'est passé réellement là bas, comment était sa soeur, simplement avoir quelques pistes pour réussir à dépasser ce stade qui l'enserre, celui du frangin jaloux et maladroit qui ne sait pas entrer en communication avec un propre membre de sa famille. Bien sur, il ne dit rien, il serait malvenu pour lui d'oser demander. Surtout qu'il n'est pas bête, il se doute que la police, si ce n'est les parents de la jolie blonde ont du poser un bon million de questions.

Perdue, Saíréann ne sait plus quoi faire. Partir en courant serait mal vu mais elle ne peut s’empêcher de le désirer très fort. Si Kelaan avait été à ses côtés, peut-être que cette épreuve aurait été moins dure. Mais non, il reste loin d’elle. De toute façon, elle n’est pas prête à lui pardonner malgré la situation. Trop d’images négatives hantent encore son esprit. « Mademoiselle ? Je peux vous proposer quelque chose ? » Sursautant malgré elle, Saíréann relève doucement les yeux vers la personne venant de lui adresser la parole. Bras croisés comme pour se protéger, la blonde pince les lèvres avant de soupirer faiblement. « Si je vous dis que je n’ai jamais bu d’alcool vous me croyez ? » avoue-t-elle d’une voix peu assurée « pourtant j’aurais bien besoin de ses effets pour supporter la soirée. » Son aveu la surprend elle-même. Parler aux inconnus est difficile mais ce soir elle n’en peut juste plus. Elle sature de devoir supporter cette ambiance de joie malgré le recueillement. Les gens sont heureux des les voir vivants, qu’ils soient sortis de cet enfer. Seulement Saíréann n’est toujours pas libre. Son corps s’est transformé en son enfer personnel.

Un deuxième sursaut, plus vif cette fois, secoue la jeune femme lorsqu’une main se pose sur son épaule. Un instant, un très bref instant, elle pense que Kelaan est venu la voir. Lui seul a l’habitude de la toucher. Lui seul a le droit. « quelle connerie ce truc. » Mais cette voix, Saíréann ne la connaît pas. S’il n’avait pas retirer vivement sa main, la jeune femme l’aurait certainement dégagée violemment. Ça n’était pas contre cet homme en particulier, il n’avait rien fait de mal mais le corps de la blonde ne supportait plus rien. « désolé je vous ai pris pour quelqu'un d'autre. » Fermant un instant les yeux, Saíréann souffle pour se donner du courage. Ces personnes ne lui veulent aucun mal, elle doit se forcer à leur faire confiance. Elle ne peut s’empêcher de penser qu’ils peuvent à tout moment se transformer en monstre. Sa captivité a brisé toute confiance en l’être humain. « Pas grave… Puis… vous avez raison. C’est une connerie cette soirée. » Saíréann ne saurait pas identifier la réelle raison de sa haine pour cette soirée. Tout se bouscule, elle sait juste qu’elle ne supporte pas cette ambiance. « Et justement, monsieur me proposait quelque chose à boire. Je crois qu’on va en avoir besoin. » Saíréann ne connait pas les effets de l’alcool sur son corps mais ça ne peut pas être pire que ce qu’elle a déjà vécu. Sa mère lui a expliqué ce qu’elle risquait en buvant plus qu’il ne le faudrait lorsque Saíréann a malencontreusement confondu l’eau et la vodka un soir peu après son retour. Elle a détesté le goût sur le moment, mais ce soir, elle a envie d’oublier. « Vous avez un truc fort mais pas mauvais, s’il vous plait ? » demande-t-elle finalement en fixant le serveur.